
À la rencontre de Nathale Phillips : Ma Chérie Bleue
– Par Réginald Rivette, éditeur | Photos : Katie-Marie
Je me rappelle de tout le monde. Je prends note de tout et c’est très important. Nous ne voulons surtout pas avoir un doublon dans la même ville. Je vous assure que Montréal n’est pas très grand. C’est une petite communauté. Dès que la cliente nous mentionne qui l’a référée, automatiquement, nous trouvons la robe que son amie, sa sœur, tante etc. a portée et nous l’enlevons du plancher. Chaque mariée a le droit d’être unique. Pas de doublon.
Je ne peux pas changer le fait que je suis une femme noire pour rassurer et/ou satisfaire une cliente, mais je peux changer leur opinion et leur vision basée sur mon savoir-faire et mon professionnalisme. Crois-moi, ils apprécient encore mieux ce fait et c’est pourquoi j’ai autant de références.
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Êtes-vous la designer des robes qu’on trouve ici ?
Non, ce que nous faisons c’est que nous représentons des marques de partout au Canada, aux États-Unis et à l’international. Cela dit, nous avons l’exclusivité sur toutes les marques en magasin et 70% des marques proviennent de designers canadiens. On est en constante recherche pour vraiment agrandir notre inventaire. Nous avons signé une designer de Montréal récemment pour notre section de tenues de soirées et ça fait un petit bout de temps que nous étions à la recherche de ce genre de partenariat. J’ai suivi cette marque pendant un bout de temps pour ensuite proposer une rencontre ; je ne me précipite jamais pour prendre une nouvelle marque parce qu’il faut suivre et connaître leur produit et du même coup s’assurer que cela se marie bien avec ce que la clientèle recherche. Parce que le but premier c’est de satisfaire notre clientèle, nous leur parlons beaucoup, nous leur posons des tas de questions pour vraiment nous assurer que les produits que nous entretenons soient à l’image de ce qu’ils recherchent.
Nous entrons dans notre cinquième année et nous voulons vraiment faire connaître le nom, trouver une stabilité. Nous voulons que la première chose qui pop up dans la tête d’une future mariée soit Ma chérie Bleue. lol.
Étant une femme noire et propriétaire d’une entreprise dans une communauté de Monsieur et Madame Tout-le-monde, avez-vous tendance à vous afficher ou à être plus en recul ?
Je préfère l’élément de surprise, quand les jeunes mariées arrivent ici, c’est souvent leurs parents qui sont le plus soucieux. Je ne peux pas les blâmer, je ne connais pas leur expérience etc. Donc, c’est à moi de les mettre à l’aise et les rassurer et au fur et à mesure que je parle, de plus en plus ils se sentent en confiance et réalisent que je connais mon métier et en quittant la boutique, ils savent que leur fille est entre de bonnes mains.
Avec le mouvement du Black lives matter et black owned, c’est une conversation que j’ai avec moi-même. Est-ce que je veux être une femme noire qui possède Ma chérie Bleue ? Ou, est-ce que je veux être cette femme dont le background et les talents la qualifient et la définissent comme étant propriétaire de Ma chérie Bleue? J’opte pour le deuxième choix.La couleur de ma peau est une situation que je ne contrôle pas. De plus, la jeune génération de nombreuses futures mariées que j’ai reçues ici, n’a jamais été surprise par la couleur de ma peau. Pour être honnête, cela a probablement à voir avec le fait que 85% de ma clientèle sont des références. Nous sommes référées de différentes provinces et de différents payset je suis vraiment épatée de voir des gens faire de longues routes, prendre le temps pour venir jusqu’ici dans notre boutique.
Comment avez-vous choisi le nom, Ma chérie bleue ?
J’étais au restaurant avec mon mari et c’est là qu’on a commencé à réfléchir au nom et il y avait beaucoup de noms sur la table, et ma chérie est toujours accordé à un geste d’attention et d’affection. Que ce soit d’une mère à son enfant ou entre amoureux, c’est toujours dans un contexte de quelque chose de très personnel. Et le bleu est qu’on veut être leur « something blue » et on a pensé à ma chérie bleue et ça sonnait parfait. Et entre toi et moi, tu n’oublies pas un nom comme ça. C’est à ce moment qu’on savait que c’était vendu pour Machériebleue.
Aspirez-vous un jour à voir plus de femmes comme vous, Noires, à faire la même chose que vous ?
150%. Je ne vois pas comment je pourrais encore plus l’encourager. Quand je parle à ces jeunes femmes qui me disent « Je ne sais pas si je pourrais faire ce que tu fais » je leur réponds toujours, tu peux absolument le faire. Parce que, quand vient l’envie de se lancer dans une aventure telle une boutique de mariée, l’idée est toujours plus grande que la réalité elle-même. Alors, quand les filles sont ici et spécialement les jeunes femmes noires, je tente vraiment de leur faire comprendre que ce n’est pas plus difficile de faire ça que n’importe quelle autre business.